alain desjacques

Une reconstruction de la Main Heureuse de Arnold Schönberg pour instruments traditionnels : quels critères pour quelle esthétique?

Préliminaires à une mise en scène : La Main  heureuse de Arnold SCHÖNBERG. Edité par Domaine musiques et l’Université de Lille3; pages 42-45. 1998.

 

http://www.domaine-musiques.com/

 

Extrait :

 

Une reconstruction de “ La Main Heureuse ” de Arnold SCHÖNBERG pour instruments traditionnels : quels critères pour quelle esthétique ?

                                                                             
Le compositeur occidental a toujours entretenu, selon les périodes de l’histoire, les courants culturels, des relations diverses plus ou moins heureuses, avec les musiques de tradition orale. Le sujet est vaste, et sans doute faudrait-il aussi prendre en considération la personnalité même des créateurs, pour qui se lancerait dans l’entreprise d’une analyse précise sur les modalités de ces rapports entre musique populaire et musique savante. Cependant, une première approche semble révéler que les intérêts en matière d’apport d’éléments puisés dans les musiques traditionnelles, sont mués principalement par deux attitudes souvent opposées, mais qui peuvent aussi se compléter. Tantôt ce qui prévaut, c’est une sorte de penchant exotique, souvent passager, dont les racines musicales sont souvent liées aux grandes découvertes d’autres civilisations ou d’autres nouveaux mondes, ainsi qu’aux fastes périodes des expositions universelles du colonialisme triomphant. Tantôt c’est une attitude délibérément nationaliste, souvent conséquence d’une situation politique nouvelle, à la recherche d’une identité culturelle propre à travers la musique. Il serait probablement long de classer les compositeurs ayant flirté avec ces musiques, selon telle ou telle catégorie, en se gardant d’être outrageusement réducteur. En tous cas, l’attitude des compositeurs face à cette problématique paraît bien donner des résultats aussi différents que contradictoires et cela vraiment devrait faire l’objet d’une étude approfondie. Mais, ce qui pourrait réunir ces deux tendances, c’est le fait que, parmi les choix qui se présentent au créateur pour nourrir son inspiration ou une idée compositionnelle préconçue ou en train de se concevoir, celui du timbre pour le moins original des instruments de musique est ce qui s’offre sans doute parmi les paramètres les plus immédiatement accessibles à la perception.

     Aussi, l’idée de composer une œuvre de musique savante européenne dans laquelle sont utilisés des instruments de musique traditionnelle, n’est-elle pas nouvelle en soi. Il faudrait remonter très loin dans le temps, pour trouver des traces de cet engouement envers la musique populaire. Les compositeurs portugais de la fin du XVe début XVIe ont très vite associé le son des hochets amérindiens dans certaines de leurs oeuvres, ou encore plus tard, Léopold Mozart a composé une oeuvre intitulée “ Les Noces Paysannes ” dans laquelle sont intégrées vielle à roue et cornemuse. L’histoire de la musique est singulièrement clairsemée de tels exemples.



08/10/2010
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